La transition vers une économie bas carbone s’enracine de plus en plus dans le débat public voire dans le quotidien des agents économiques (États, entreprises et particuliers) et le sujet de la compensation carbone est régulièrement évoqué. Nous vous proposons de revenir sur la définition de ce concept, son utilité, ses limites et les bonnes pratiques à suivre.
En décembre 1997, la Conférence des parties (COP), placée sous l’égide de l’ONU, adopte un texte majeur qui impose des obligations de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Ce sont essentiellement les pays développés – les pays de l’Annexe I – qui s’engagent à réduire leurs émissions en se fixant des objectifs contraignants (budgets nationaux). Au-delà des efforts de réduction de leurs émissions de GES, les pays développés peuvent participer financièrement à des projets permettant de réduire les émissions d’organisations localisés dans d’autres pays (MOC, MDP).
La compensation carbone volontaire suit cette dernière logique, puisqu’elle « consiste ainsi à financer un projet de réduction ou de séquestration d’émissions de GES dont on n’est pas directement responsable » .
Pour chaque projet, le porteur de projet et l’organisme de labellisation déterminent la quantité de gaz à effet de serre qui sera évitée ou séquestrée, fixant ainsi le nombre de crédits carbone qui émis pour le projet en question, un crédit carbone représentant une tonne de CO2-équivalent évitée ou séquestrée.
Il est nécessaire de bien distinguer le marché carbone « réglementaire » (obligatoire) du marché dit « volontaire », qui nous intéresse ici :
Pour être valide et pertinent, un projet de compensation doit respecter plusieurs principes cardinaux :
La compensation s’inscrit dans la séquence éviter-réduire-compenser , après avoir mesuré l’impact carbone d’une organisation. Ainsi, en allant au-delà des réductions d’émissions, la compensation carbone volontaire est un moyen d’atteindre plus rapidement l’objectif de neutralité carbone mondiale.
On peut distinguer 4 principaux acteurs sur le marché :
Certains acteurs engagés dans la compensation carbone sont parfois épinglés pour la communication faite autour de cette démarche, et nous vous expliquons pourquoi :
Pour valoriser une démarche de compensation carbone, il est donc nécessaire de l’inscrire dans une démarche globale de transition carbone (mesurer, éviter-réduire, compenser) et d’être transparent sur les différentes actions entreprises (réductions, financement de projets de compensation) et de ne pas s’attacher uniquement à une vision « purement arithmétique » de la neutralité carbone, comme le rappelle l’ADEME dans un avis rendu début 2022 .
Pour conclure, les avantages de la compensation carbone sont évidents : la compensation permet d’orienter des fonds vers le développement bas carbone , comme le relève Carbone4, c’est donc un levier pertinent pour atteindre plus rapidement la neutralité carbone mondiale. Il s’agit néanmoins d’inscrire la compensation dans une démarche globale de transition bas carbone et de communiquer de façon transparente sur les différentes actions entreprises par une organisation, en éviter de mettre le focus uniquement sur la compensation.
Sources :
-Ministère de l'écologie
-Compensation volontaire, démarches et limites, ADEME
-Compensation carbone volontaire : 5 règles de bonnes pratiques préconisées par l’ADEME
-Commission Européenne, Système d'Echange des Quotas d'Emissions
-Utilisation de l’argument de « neutralité carbone » dans les communications, ADEME
-Ne dites plus « compensation » : De la compensation à la contribution, Carbone