Depuis deux semaines, le sujet de l’impact environnemental de l’aviation privée retient l’attention de tous. Et si ce débat, relancé par Julien Bayou et sa proposition de « bannir les jets privés », est un enjeu pour le climat depuis toujours, connaissez-vous ses impacts sur notre planète et leurs ordres de grandeur ?
Le secteur aérien est depuis longtemps un champ de bataille pour la transition écologique. Secteur particulièrement critiqué pour son fort impact sur le climat, le transport aérien dans son ensemble représente 2% des émissions de GES dans le monde selon le WRI. L’aviation d’affaire, quant à elle est responsable de 8% de ce trafic selon la GAMA.
D’après un rapport de l’ONG Transport & Environment (T&E) de mai 2021, les émissions de GES provenant de l’utilisation de jets privés ont augmenté de 31% entre 2005 t 2019. Cette tendance ne s’est pas laissée stopper par la crise sanitaire de 2020, car si tout le secteur aérien a souffert lors de cette période, c’est bien l’activité de l’aviation privée qui a le mieux rebondi. Après une diminution de respectivement 70% et 90% pour l’aviation privée et commerciale, au pire de la crise, par rapport au nombre de vols de 2019, seule l’aviation privée est parvenue à dépasser son niveau pré-Covid. En mai 2022, le nombre de vols en jets privés est 20% supérieur à la référence de 2019, alors que l’aviation commerciale peine à retrouver ses performances (-20% par rapport à 2019).
En 2019, un vol sur dix au départ de la France était réalisé par un jet privé dont la moitié parcourait moins de 500km. Mais le raccourcissement des distances parcourues en avion n’est pas le seul problème.
En effet, un jet privé a une capacité bien plus faible qu’un avion de ligne. Les 5 modèles de jets les plus populaires ont en moyenne 7,4 places. En comparaison, un A320 a une capacité de 150 places. Selon T&E, les jets volent même en moyenne avec seulement 4,7 passagers.
Même si aucune statistique officielle n’existe, des loueurs de jets estiment à environ 40% le nombre de vols réalisés à vide. Ainsi, dans le cas d’un trajet ne nécessitant qu’un aller, l’avion utilisé pourra être amené à devoir se rendre à un autre aéroport pour une autre mission. Si c’est cette pratique qui aide l’aviation privée à proposer une grande capacité de flexibilité, cela représente également du carburant consommé sans passager.
Et pour répondre à la question initialement posée, un avion de ligne est 90% moins émetteur de GES qu’un jet (en termes d'impact carbone par passager.
Le train est également moins émetteur à hauteur de 99,8% moins de GES. Le trajet Paris-Nice est bien différent en fonction du moyen de transport. En train, seulement 3,5kgCO2e sont émis par passager, ce chiffre grimpant à 86kgCO2e pour le passager d'un avion de ligne.
En jet privé, l’impact carbone par passager augmente drastiquement à cause du faible nombre de passagers. Ainsi le trajet Paris-Nice en jet privé entraîne l’émission de près de 2 tonnes de CO2e (1,8tCO2e) par passager, soit autant que le budget carbone théorique à respecter en 2050 pour chaque individu si l'on veut atteindre la neutralité carbone.